Nous avons été sollicités pour imaginer une clinique de l’œil et de la peau à Tafilalet au Maroc. Plutôt qu’une clinique classique nous avons conçu un objet architectural. L’objet est utile aux populations quand il est en place et disparaît sans laisser de traces lorsqu’il n’est plus nécessaire. Par son esthétique technique, ce projet n’est pas sans rappeler les expérimentations des années soixante et soixante-dix, on peut évoquer le pavillon itinérant IBM de Renzo Piano ou encore les utopies d’Archigram et de Superstudio : une architecture nomade qui utilise sa technicité pour se déplacer, apparaître ici et là en fonction des besoins. Mais ‘Nomad’ trouve aussi une résonnance avec les préoccupations écologiques d’aujourd’hui : exercer une empreinte modeste sur la terre, refuser la fondation, coexister avec la nature. En cela il ressemble à notre projet Kasiiya Papagayo au Costa Rica. Le refus de l’ancrage confère une poésie nouvelle à l’architecture.

Le projet est constitué par une ossature métallique, formant trame, qui reçoit les éléments préfabriqués du ‘process’ médical : bloc opératoire, chambres, salles d’attente et de consultation, salle de réveil, locaux techniques. Le projet s’assimile à une grille sur laquelle se greffent les différents réseaux et les fonctions, elles-mêmes susceptibles d’évoluer ou de s’agrandir en fonction des besoins de la clinique. Notre expérience des programmes hospitaliers, en perpétuel devenir au gré des avancées médicales et des traitements, nous pousse à adapter une approche pragmatique et évolutive. Ici on traite plus un process qu’un bâtiment, mais celui-ci possède une esthétique propre. La grille s’agrémente d’une enveloppe semi-étanche qui filtre la lumière du soleil : jeux de persiennes orientables modulaires et recours à la toile tendue en façade. Une vaste toile de tente permet de contextualiser l’objet et le ramener à son identité d’acteur du désert, au service des populations locales.